L’histoire de l’homme de Somerton, découvert mort sur la plage de Somerton Park en Australie le 1er décembre 1948, est l’un des mystères les plus énigmatiques jamais rapportés. Aucun nom, aucune pièce d’identité — seulement des indices cryptiques et inexpliqués.
La découverte la plus troublante fut un bout de papier caché dans une poche secrète de son pantalon, portant les mots persans “Tamam Shud” — « c’est terminé » — arraché de la dernière page des Rubaiyat d’Omar Khayyam. Ce message resta le fil conducteur de l’enquête.
Les policiers retrouvèrent peu après une copie du livre, abandonnée dans une voiture garée dans la région. La page correspondante manquait, et dans le livre figurait une écriture mystérieuse (un code jamais déchiffré) ainsi qu’un numéro de téléphone relié à une infirmière locale nommée Jessica “Jo” Thomson. Elle manifesta une réaction étrange face au plâtre du visage de la victime, mais ne livra aucune explication.
Les investigations furent compliquées par des limites médico-légales à l’époque. L’autopsie révéla des signes de congestion interne compatibles avec un empoisonnement à la digitaline, mais aucune toxine ne fut formellement identifiée. L’hypothèse autant du suicide que de l’assassinat resta ouverte.
Un petit sac marron fut retrouvé en gare d’Adélaïde, contenant des vêtements étiquetés “Keane” ou “Kean” sur certaines pièces, des fils de couture d’origine américaine similaires à ceux utilisés sur le pantalon du défunt — mais aucune concordance avec un nom réel. La suppression volontaire des étiquettes a renforcé le caractère délibéré et mystérieux du cas.
Plus récemment, des avancées en généalogie ADN ont permis à Derek Abbott et Colleen Fitzpatrick d’identifier l’homme comme étant probablement Carl "Charles" Webb, ingénieur et mécanicien, né en 1905 à Melbourne. Cette identification, annoncée en juillet 2022, n’a toutefois pas été confirmée officiellement par la police australienne à ce jour.
Le cas alimente toujours la fascination du public : œuvre littéraire tragique, possible espionnage en pleine guerre froide, roman d’amour secret... autant de théories fleurissent dans les forums, ouvrages et documentaires, sans jamais apporter de réponses définitives.
L’affaire Tamam Shud demeure ouverte au département des homicides d’Australie du Sud. Le buste en plâtre du personnage, ainsi que quelques mèches de cheveux, sont conservés par la South Australian Police Historical Society, dans l’espoir qu’un jour les avancées scientifiques puissent révéler la vérité.
Un mystère réel, dense en symboles et rebondissements, qui nous rappelle combien la quête d’identité et de finitude fascine l’imaginaire humain.