Votre main cherche une serrure. Vous tournez la clé. Mais rien ne se passe. Vous avez tourné dans le mauvais sens. Pourtant, vous l’avez fait des centaines de fois. Ce n’est pas une erreur. C’est un oubli. Du geste juste. 🗝️
Autour de nous, des gestes disparaissent. Pas de catastrophe. Pas d’interdiction. Juste un silence progressif. On ne sait plus plier une carte routière. Allumer un feu sans briquet. Ajuster un poste radio. Ces gestes ne sont pas inutiles. Ils sont des savoirs incarnés. Et leur perte change notre rapport au monde. 🌍
Des ethnologues parlent désormais de l’amnésie gestuelle : une perte collective de compétences transmises par le corps, pas par les mots. Un enfant sait déverrouiller un smartphone à 2 ans. Mais il ne saura peut-être jamais nouer une cravate, tendre une toile de tente, ou sentir un orage arriver. 🌩️
En Norvège, des écoles ont réintroduit le cours de “feu de camp” : apprendre à reconnaître le bois sec, à disposer les branches, à souffler sans éteindre. Pas pour survivre. Pour réapprendre la patience du feu. Une compétence oubliée en 20 ans. 🔥
En France, certains artisans refusent de numériser leurs outils. Un tonnelier explique : “Quand mes mains connaissent chaque courbe du bois, je n’ai pas besoin de mesurer. Je sens.” Ce savoir-là ne passe pas dans une machine. Il meurt avec ceux qui l’ont porté. 🪵
Le pire ? Ces gestes ne sont pas remplacés. Ils sont contournés. Vous ne savez pas lire une boussole ? Pas grave, il y a le GPS. Vous ne savez pas coudre ? Pas grave, on jette. Mais chaque geste perdu est une connexion rompue avec la matière, le temps, l’autonomie. 🧵
Des chercheurs en cognition incarnée montrent que le cerveau pense aussi avec les mains. Un pianiste ne lit pas les notes, il les *sent*. Un potier ne calcule pas, il *répond*. Quand on perd le geste, on perd une forme de pensée. 🧠
En Sibérie, les anciens transmettent encore le geste de tendre un arc sans casser la corde. Un geste qui prend 10 ans d’apprentissage. Les jeunes regardent des vidéos. Mais sans résistance du bois, sans tension dans les doigts, le savoir ne s’ancre pas. 🏹
Pourtant, un mouvement de résistance émerge. Des ateliers de “reprise gestuelle” fleurissent : tricoter, écrire à la plume, marcher sans regarder le sol. Pas pour revenir en arrière. Pour retrouver ce que le corps sait avant le cerveau. ✊
Peut-être que l’humain ne disparaîtra pas par manque de données. Peut-être disparaîtra-t-il par manque de gestes. Parce qu’un jour, plus personne ne saura comment allumer un feu… ni pourquoi il faut le respecter. 🔥
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